Bonsoir à toutes et à tous,
Ceci est un petit message pour faire suite à notre rencontre à la ferme dimanche dernier. Avant toute chose nous tenons à vous remercier vraiment du fond du cœur pour l’attention que vous nous accordez et pour tous les témoignages de soutien et de solidarité qui continuent de nous faire chaud au cœur.
Je ne vous écris que ce soir mais en fait nous n’ avons pas eu tant de mal que ça a prendre une décision quant à savoir la suite que nous souhaitions donner à la proposition généreuse de commencer les livraisons maintenant en dépit des petits paniers.
Notre constat est le suivant : la saison est réellement mal engagée nous savons que, quoi qu’il puisse se passer, l’été sera mauvais sur le plan de la production et en conséquence l’année le sera vraisemblablement aussi sur le plan économique. Sur la base de cette constatation que reste t’il : même si la production ne sera pas ce qu’elle a pu être les autres étés, il y aura quand même des légumes mais pas assez pour cumuler AMAP et marché, il nous fallait choisir. Comme il semble qu’un grand nombre d’entre vous soit prêts à aller encore plus loin que d’habitude dans la dimension solidaire de la relation qui nous lie, nous faisons le choix d’accueillir ce geste avec reconnaissance, gratitude et en conscience :
Ce qui nous a décidé c’est que d’une part nous avons senti que de votre coté il ne s’agissait pas d’une aumône mais d’un geste solidaire et beaucoup d’entre vous l’ont exprimé avec tant d’ardeur et de sincérité … que cela nous lie du coup encore d’avantage et que s’il n’est pas garanti que cette année nous trouverons l’occasion de remercier par de très beaux paniers, nous comprenons que le temps n’est pas compté et que le moment venu, nous pourrons exprimer notre reconnaissance car notre travail finira par porter ses fruits…enfin, ces légumes… !
Nous préférions dans un premier temps refuser pour ne pas nous mettre « trop de pression » et nous sentir redevables et aussi, car nous trouvons anormal que le « sort » des petits paysans que nous sommes repose sur vos seules consciences et portefeuilles… Sans que les deux premières craintes évoquées soient complètement dissipées ce que nous nous disons c’est que cette année difficile sur le plan de la production sera l’occasion d’approfondir nos échanges avec vous en vous entretenant de ce que nous pouvons faire et ne pas faire pour rattraper la saison, les « stratégies » que nous élaborons . Nous pensons avoir compris que personne ne nous demandait d’aller au delà du bon sens en réalisant l’impossible. Il est très important pour nous que vous soyez surs du fait que nous faisons vraiment ce que nous pouvons avec les moyens dont nous disposons.
Pour ce qui est de se sentir redevable, effectivement ce sera le cas et si les choses prennent le chemin qu’elles prennent nous aurons une dette envers vous. Nous faisons le choix d’essayer de ne pas vivre cette dette comme un fardeau mais comme une occasion d’approfondir un lien. Nous acceptons d’être liés à vous. Or, tout lien comporte une part de contrainte mais nous l’acceptons car c’est aussi le signe d’un lien qui s’enrichit et qu’un lien c’est vivant et c’est ainsi que nous nourrissons l’expérience sociale qu’est l’AMAP ; une vraie alternative à l’ échange marchand anonyme, au donnant donnant, ou une fois que l’ argent est échangé contre des légumes sur un marché le lien cesse. Refuser ce serait aussi refuser de croire que d’autres rapports sociaux sont possibles. Or en faisant le choix d’une agriculture écologique de proximité et de l’Amap c’est bien pour le développement d’une alternative que nous souhaitons nous inscrire. Voila, sur le plan symbolique pourquoi nous acceptons.
L’idée serait donc de vous dédier toute la production du jardin tant que la saison est maigre . Dans le courant de l’été, si ça s’arrange nous rediscuterions ensemble pour voir si nous pouvons vendre un peu au marché, si les paniers sont suffisants : l’idée serait de certainement différer l’abondance dans le temps car pour être très pragmatiques, en ne continuant que sur l’amap nous limitons la casse mais ne sommes pas pour autant sauvés des eaux, il aurait fallu pour ça être en 100% AMAP. Donc l’idée c’ est que si à un moment donné les paniers deviennent quand même bien consistants, vous nous ferez signe et nous recommencerons à vendre l’excédent au marché.. Arrêter le marché temporairement ça nous permet : de moins perdre de temps en récolte et en temps de vente pour pouvoir se concentrer sur l’arrière saison. Cela signifie aussi qu’il nous faudra stocker certains légumes (les courgettes, les tomates , les concombres etc.., que nous sommes obligés de récolter plusieurs fois par semaine. Les maraîchers 100% Amap le font.
Voilà pour l’essentiel je crois. Apres se dire aussi que rien n’est gravé dans le marbre : on peut essayer comme ça et si vraiment nous n’en dormons pas la nuit ou que vous de votre coté vous ne vous sentez pas de continuer trop longtemps avec des petits paniers si le temps ne s’arrange pas, on avisera ensemble, l’essentiel pour nous est d’avoir votre confiance tant sur nos capacités professionnelles à gérer cette situation, que sur l’engagement moral que nous mettrons à le faire. Et que de votre coté vous vous sentiez vraiment libres de vous arrêter si vous sentez que ça ne vous va plus.
Juste un dernier point : pour les poules, ça ne s’arrange pas, je cherche des pistes j’ai revu la ration, la ponte est dérisoire. D’autres collègues avec d’autres races (hybrides) n’ont pas ce problème de façon si abrupte…je préfère que nous décalions le contrat poules jusqu’à ce que la ponte se réamorce car nous n’y comprenons rien. Les races anciennes locales (dont la génétique n’a jamais eu a s’adapter à des conditions artificialisées) seraient-elles plus sensibles aux aléas climatiques que les pondeuses de bâtiment ? Vous me direz qu’interrompre le contrat poule ça va peut être à l’encontre de ce que j’ai dit précédemment mais c’est que pour les légumes on s’estime légitimement éclairés dans le sens ou nous sommes formés, que nous avons l’expérience des années écoulées…Pour les poules, j’ ai demandé beaucoup de conseils, lu beaucoup mais je n’ avais pas de réelle expérience au delà d’un poulailler familial donc il y a peut-être des choses que nous avons mal fait par inexpérience et ça, on ne souhaite pas vous le faire payer. Enfin nous avons besoin de comprendre ce qui se passe pour nous positionner…
Donc, concrètement, nous viendrions Mercredi avec ce qu’il y aura. Nous gardons aussi notre AMAP locale car dans sa totalité, elle a elle aussi décidé de nous suivre. Donc nous diviserons la récolte en 34 enfin je ne sais pas exactement combien nous sommes (les deux amap confondues)…nous porterons aussi les œufs qu’il y aura mais on marquera sur un papier, enfin on vous portera les quelques boites et on notera qui les prendra et quand les contrats reprendrons on s’arrangera ensemble.
Comme je le suggérais dans un précédent mail au comité de pilotage vous aurez peut être intérêt a vous organiser- je pense particulièrement aux demi paniers – afin de ne pas avoir à diviser un panier déjà très petit en venant une fois sur 2 par exemple…enfin a vous de voir…
En espérant que le camion voudra bien nous mener jsuqu’à Lauzerville, et que le chargement sera quand même trop gros pour rentrer dans notre xantia…
Nous vous remercions et vous saluons bien !
Amapiennement,
Marion et Patrice