Les nouvelles de ce mois de mai 2013

Chers amapiennes, chers amapiens,

La reprise de la saison approche et voici un petit message de vos producteurs….Il me semble que chaque année, à peu près à la même saison je vous concocte une lettre en vous expliquant à quel point nous sommes inquiets pour la saison à venir et, par chance, jusqu’à maintenant nous avons plutôt été pessimistes et finalement bon an mal an les paniers se sont remplis progressivement avec l’avancement de la saison.

Mais, cette année, plus que les autres années, nous sommes très inquiets, notre voisin pas plus tard que ce matin nous disait encore : « année à foin, année à rien ! » d’un air entendu…le fatalisme ne nous guette pas encore, cependant, nous avons de bonnes raisons d’être inquiets  et aussi d’élaborer plein de stratégies pour limiter les dégâts, je les développerai plus avant…

Cela n’aura certainement échappé à  aucun d’entre vous, il ne fait pas très beau ! nous qui redoutons surtout les sécheresses printanières avons été jusqu’ à un certain temps plutôt satisfaits de la situation d’ autant que nous avions prévu de commencer les paniers plus tard que d’habitude…seulement, l’humidité persiste et vraiment les mises en place de culture sont difficiles cette année. En commençant en juin nous espérions nous éviter les affres des petits paniers…c ‘est plutôt raté.

Ce sur quoi nous comptons pour débuter la saison :

Fèves :

Elles sont là, pas très hautes quelques « vides » dans les lignes causés par les limaces et les campagnols au moment de la levée mais rien d’alarmant. Un second semis à plus souffert de l’humidité et des attaques de champignons et les causes précédemment citées ont contribué a une levée moins homogène. Bon, il devrait quand même y avoir des fèves.

Les pois :

Nous en avions prévu moins que d’habitude pour ne pas perdre tout le temps en récolte à une époque ou il y a beaucoup de cultures plus importantes à mettre en place…le semis a été littéralement ravagé par les limaces et ce malgré nos passages répétés de granulés (orthophosphate de fer= anti limace bleu que vous pouvez occasionnellement trouver  dans une salade).

Les pommes de terre nouvelles :

Nous avons fait plusieurs essais sans travail du sol sous serre : c’est encourageant, elles sont jolies, mais il n’y en a pas de grandes surfaces. Dehors nous en avons mis 120 m linéaire au gré d’une éclaircie, ça lève mais les conditions d’humidité dans nos terres argileuses sont telles que la mise en place des semences restantes n’a pas encore été possible. Il devrait y avoir des pommes de terre nouvelles mais pas longtemps.

Carottes :

Un semis direct sans travail du sol a été réalisé sous serre avant Noel. La levée est satisfaisante mais c’est quand même pas fabuleux. Nous avons semé dehors il y a 1 mois beaucoup de carottes précoces pour une production d’été. Or, ce semis malgré nos soins n’ a pas bien levé. L’humidité permanente, la fraicheur n’ont pas favorisé la levée des carottes et les limaces se sont chargées des survivantes…nous ne cultivions pas de carottes à cette saison dehors les autres années mais comme la carotte est appréciée et que c’ est une culture que nous «  maîtrisons »  bien on voulait forcer la dose…c’ est raté. Pour cette culture nous prévoyions de retravailler le sol pour mettre toutes les chances de notre coté et le semis de carottes de conservation sera fait plus tôt que d’ habitude afin d’ avoir des carottes dans les paniers dès le mois de Septembre. Mais avant cela, mis a part quelques bottes au démarrage de la saison il n’y aura pas de carottes dans les paniers.

Les oignons :

Soucieux de les réussir cette année nous en avons commandé pas mal. Les bulbilles qui nous ont été livrés ainsi que tous ceux des collègues sont arrivés (de hollande bien entendu, le bulbille d’oignon français n’ existe plus…)) en très mauvais état. Nous n’avons obtenu aucun dédommagement (pour quand même 1300 euros de commande !) nous avons semé en l’état et entre temps nous avons réussi à nous procurer de nouvelles semences. Le semis ne s’est pas fait dans les meilleures conditions à cause de la pluie mais la culture est en place…à suivre donc…

Des oignons blancs sont en place un peu partout dans le jardin, il devrait y en avoir assez régulièrement dans les paniers.

L’ AIL :

C’ est avec votre aide précieuse qu’il a été planté. Il pousse.il a été mis en terre un peu tard mais bon, il se défend. Nous avons observé des attaques importantes de teigne (une chenille) il va nous falloir traiter au BT un insecticide autorisé en bio, une bactérie en fait, qu’ingère la chenille lui coupant tout appétit. Ce ne sera pas simple car : le champ est grand et nous ne sommes équipés que d’un petit atomiseur de 10 litres mais surtout, il nous faut agir vite et s’il pleut trop vite après le traitement celui-ci ne sera pas efficace…enfin, il devrait quand même y avoir de l’ aillet et de l’ ail dans les paniers…

Les Salades :

C’est notre grande déception : alors que cette culture se satisfait tres bien de nos nouvelles méthodes (toutes celles de l’année dernière avaient poussé sans travail du sol) cette année les limaces ont eu raison de plusieurs semis et ce malgré nos épandages de granulés …nous finissons des salades sous serre mais celles de dehors qui ont résisté aux limaces ne seront pas prêtes pour le début de l’amap. Or, la salade au printemps, ça étoffe bien le panier…

Nous récoltons des fraises sous serres, pas assez pour justifier une livraison hors contrat. Nous avons une belle plantation dehors mais si le mauvais temps persiste je ne sais pas ce que nous pourrons espérer récolter…

Nous avions aussi mis en place des navets mais les limaces les ont mangés.

Bon heureusement que nous n’avions pas misés sur le printemps plus que ça car nous aurions été encore plus déçus.

Comme avant qu’il fasse mauvais nous avions déjà en tête de mettre le paquet sur l’ été saison pour la quelle nos techniques sans travail du sol sont le plus éprouvées nous nous sommes donc concentrés sur la réussite de ces cultures :

Sous serre, nous avons augmenté les surfaces d’aubergines et de tomates de plants greffés (en variétés anciennes aussi) nous surveillons les aubergines de tres près car elles sont sensibles chez nous aux attaques d’ acariens et l’ année dernière malgré nos couteux achats d’insectes auxiliaires (lutte biologique) les acariens ont pris le dessus et la récolte a été maigre. Cette année nous veillons au grain et ne nous interdirons pas les traitements à base de pyrèthre (le quasi seul insecticide bio relativement efficace contre les pucerons, mais qui détruit aussi au passage les éventuels auxiliaires présents sur la zone traitée) Pour info : la différence entre les insecticides bio et les autres c’est que les nôtres ne sont pas issus de la chimie de synthèse et qu’ils sont tres peu rémanents.

Les courgettes se portent bien. Les concombres ont subi des attaques virulentes de cicadelles, nous passons plusieurs fois par semaine détruire ces larves à la main afin de les contenir. (Les cicadelles piquent les feuilles et sucent la sève provoquant des recroquevillement des feuilles qui nuisent beaucoup  à la vigueur de la plante).

Enfin, globalement la saison est très en retard. Nous nous sommes refusé à installer trop tôt les cultures dehors, les collègues qui ont bravés le temps en sont pour leur frais…nous n’ avons planté une partie des tomates dehors qu’avant-hier, nous faisons patienter nos plants dans l’espoir d‘une franche période de beau temps mais elle ne vient pas ou est très vite entrecoupée par de nouvelles pluies. A vrai dire nous ne râlons pas car vraiment ça ne sert à rien mais voilà le temps n’est pas propice et nous nous refusons à installer des cultures dehors dans des conditions trop mauvaises. Donc si le temps s’arrange les cultures estivales viendront, mais plus tard…

Un peu dépités quand même nous vous livrons nos deux jokers pour quand même assurer une belle saison : le premier, l’arme fatale dans les mauvaise passes : le haricot vert ! il pousse bien, il pousse vite, il est apprécié…c’est la culture que les maraichers qui ont « réussi » sont sensés arrêter …(elle permet de rentrer des sous mais demande beaucoup de travail) donc on va semer plein de haricots vert..si ça sèche un peu bien sur car impossible en sol trop humide…et les limaces en raffolent…

Notre deuxième bouée de sauvetage c’est : le melon . On l’avait en tête pour compenser la pomme de terre. C’est assez sobre en eau. On va suivre à la lettre l’itinéraire technique de cette culture et bon, on verra bien…il lui faudra quand même du soleil pour pousser mais là on en a semé 100 pieds plus des pastèques. On va bien les soigner et nous verrons bien.

Cette année aussi, comme nous ne sommes que 2 et que l’ enherbement est une des principales causes d’échec de la culture en maraichage, nous allons nous autoriser plus de paillage plastique que d’ordinaire. La plupart de nos collègues en font un usage intensif. Nous avons toujours préféré ne pas en utiliser beaucoup, mais cette année il y a tellement de raisons d’être en difficulté que nous allons l’utiliser pour tenter d’assurer le mieux possible.

Concernant le non travail du sol nous allons aussi réduire un peu nos ambitions et envisageons de retravailler certaines zones du jardin  pour ne pas placer la barre trop haut. Nous ne revenons pas du tout sur le bien fondé de ces techniques et toutes les serres ainsi que les 2/3 environ du champ sont cultivées selon ces méthodes. Mais on voulait effectuer les semis directs ( et pas seulement les plantations qui elles se passent très bien)on va remettre ça a plus tard pour ne pas prendre trop de risque. Pour le moment nos techniques ne nous ont pas handicapées réellement car nous avons ainsi pu mettre en place des cultures que nous n’aurions pas pu installer s’il avait fallu passer avec des outils tractés car la terre était trop mouillée. En revanche, il est fort probable que les limaces aient été plus virulentes que dans un sol travaillé. Cependant avec toute la pluie qu’il est tombé nous aurions quand même eu beaucoup de dégâts en sol travaillé sauf qu’en plus la structure du sol se serait beaucoup détériorée.

Enfin, tout ça pour vous dire que nous essayons le plus possible d’être réactifs et de nous adapter aux aléas sans chercher a être plus royalistes que le roi.

Voilà, sinon nous avons une très jolie pépinière de poireaux qui elle se régalerait d’un été pluvieux. Nous nous apprêtons à semer moult choux de Bruxelles pour l’hiver…enfin  on essaye de pas gaspiller notre énergie en s’inquiétant du temps car nous n’y pouvons rien…nous en profitons juste pour tout faire comme si le beau temps allait enfin venir. Nous nous préparons à semer des courges, beaucoup de courges …

Enfin on fait de notre mieux mais c’est vrai que nous ne sommes pas très rassurés sur la saison à venir. Heureusement la vente de plants a été un franc succès et compense quasiment le raccourcissement de la saison d’amap.

Bon concernant les paniers : ce mail est pour nous comme un remède contre l’angoisse du panier vide : sachez qu’il y a aussi plusieurs possibilités: ou le temps s’arrange et on commence avec des paniers un peu petits qui seront compensés par l’ abondance supposée futur et tout est normal.

Ou, la pluie continue et nous vous proposons de retarder encore un peu le début des livraisons (de 15 jours par exemple) sachant que dans tous les cas nous pouvons envisager de rallonger la saison car il est encore temps pour mettre en place des cultures de fin d’hiver…en tout cas on veut trouver une situation qui ne nous mette pas dans un trop grand inconfort vis-à-vis de vous par ce que c’est beaucoup de travail mais on le vit bien par ce qu’on se sent porté par votre satisfaction, on ne veux pas perdre ça à cause de paniers trop « miteux ». On ne peut préjuger de rien et peut être que tout va s’arranger mais, voilà on comprendrait aussi que vous préféreriez ne pas vous engager cette année ou réduire votre part (passer à un demi panier) . Enfin sachez  ue nous trouverons toujours un moyen de compenser des paniers peu remplis mais que ça peut prendre du temps…

Tous ces aléas nous incitent vraiment à penser à des diversifications rapides car vraiment, produire des légumes sainement dans l’idée d’en vivre et d’en nourrir les gens nous semble certains jours bien utopique…

Economiquement on sait pas trop ce que ça va donner mais on pense vraiment commencer à élever des bandes de poulets bientôt pour payer les charges des légumes qui ne pousseraient pas…

Dans un autre registre : les poulettes sont arrivées à la ferme la semaine dernière. Elles s’acclimatent bien à leur nouveau lieu et commencent doucement à pondre…elles ont 5 mois et demi. Voilà on en est encore à la phase qui consiste à leur apprendre à aller dormir au poulailler à pondre au bon endroit…déjà elles ne se sauvent pas hors de l’enclos ce qui était notre principale crainte. Elles sont bien mais en un tout petit peu moins bonne santé que je ne l’espérais. Rien d’alarmant mais encore une fois, la pluie et l’humidité n’ont pas été propices à la santé des volailles élevées en plein air. Une petite cure à base de vinaigre de cidre dilué dans l’eau de boisson et des infusions de romarin sont censés faire merveille !

Surtout : ne jetez plus vos boites d’œufs en carton !

Enfin, je profite de la chance d’être lue par un grand nombre de personne : si vous entendez parler d’un bon fourgon d’occasion dites le nous. Le notre est en fin de course il assurera encore les premières livraisons si nous n’avons rien trouvé d’ici la mais il perd beaucoup de gasoil et les rafistolages ne suffiront pas : il ne passera plus le CT.

Voilà pour l’essentiel, je suis désolée d’évoquer surtout les aspects les moins positifs, j’aurais aimé vous énumérer les nom et les caractéristiques de la vingtaine de tomates de forme et de couleurs différentes que vous mangerez bientôt dans vos salades, vous parler du concombre arménien que nous essayons cette année ou des haricots violets mais verts…mais bon…la nounou fait le pont et l’herbe pousse…

Quelles que soient les modifications éventuelles de la durée du contrat nous espérons vous voir nombreux à la ferme Dimanche 26 Mai, nous pourrons alors de manière plus parlante vous montrer les merveilles accomplies par les vers de terre, vous faire voir comment la féverolle apporte « gratuitement » de l’azote aux cultures et combien la terre grouille de la vie qui tôt ou tard nourrira nos légumes et nos familles !

A bientôt !

Marion et Patrice.

Ce contenu a été publié dans Actualités publiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.